J’ai eu de la chance de voir le film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant en avant-première le 15 mars, en présence de la réalisatrice/scénariste Ariane Louis-Seize, la co-scénariste Christine Doyon et des deux acteurs principaux Sara Montpetit qui joue Sasha et Félix-Antoine Bénard qui joue Paul. C’est un film québécois, distribué en France par la société Wayna Pitch. Le film a été présenté au 80ème festival international du film de Venise en 2023. Ariane Louis-Seize remporte le prix du meilleur réalisateur dans le programme Giornate degli Autori (qui correspond à la quinzaine des réalisateurs à Cannes).
Le film est sorti aujourd’hui, le 20 mars 2024. Article 100% sans spoiler (on va essayer en tout cas).
De quoi ça parle ?
Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie. Ce qui devait être un échange de bons procédés se transforme alors en épopée nocturne durant laquelle les deux nouveaux amis chercheront à réaliser les dernières volontés de Paul avant le lever du soleil.

Jouer avec l’image du vampire
Pour son premier long-métrage (après avoir bâti sa carrière avec des courts-métrage), Ariane Louis-Seize nous présente une famille de vampires un peu banale sauf que la petite fille de la famille, Sasha, n’arrive pas à tuer des êtres humains pour se nourrir. Ses dents ne sont même pas sorties, la nulle. Avec ce film, Ariane Louis-Seize et Christine Doyon nous présentent une image du vampire qu’on n’a jamais vu auparavant. Elles ont pris comme base l’image du vampire pour nous montrer un récit d’apprentissage de ces deux adolescents, Sasha et Paul. Elles ont gardé l’image du vampire pour parler de l’adolescence comme l’a fait par exemple la série Buffy contre les vampires. Dans la pop culture, la représentation du vampire est souvent liée à cette période qu’on a tous connu dans notre vie. Les deux scénaristes ont la trentaine et en parlant de cette période, elles nous montrent que notre part d’adolescence est toujours en nous.
Des thèmes qui peuvent résonner en chacun de nous
Même si on regarde deux jeunes gens (enfin jeunes, pas tant que ça pour Sasha), on peut s’y retrouver dans leurs histoires. Les thèmes abordés sont importants je trouve. Tout est dans le titre, surtout dans le mot “suicidaire”. En effet, on parle de la dépression dans ce film, qui se manifeste différemment chez Sasha et chez Paul. Elles ont réussi à parler de la dépression sans un ton moralisateur. On parle aussi d’harcèlement scolaire, de solitude. Ce sont des thèmes lourds mais écrits avec de la finesse et de l’humour. Le film est très drôle, très bien écrit. On s’attache aux personnages. Les deux acteurs principaux, Sara Montpetit et Félix-Antoine Bénard, sont parfaits dans leurs rôles respectifs. Ils ont une belle alchimie à l’écran. Ils incarnent parfaitement deux ados qui ne sont pas comme les autres et qui arrivent à se trouver dans un monde compliqué. C’est lors de leurs auditions et le fait de les voir interagir ensemble que le choix s’est imposé à la réalisatrice. Le film marche par plusieurs aspects mais, pour moi, c’est clairement celui-là qui prime.

Au niveau de la réalisation, c’est bien sûr très sombre (c’est un film de vampire après tout) mais avec un côté très lumineux. J’ai adoré les mouvements de la caméra qui suit les acteurs avec une belle fluidité. J’ai adoré certains plans fixes, par exemple la scène du vinyle que j’ai trouvé extrêmement belle et poétique, avec le jeu des regards des deux acteurs. Parfois, les plans fixes m’ont fait penser à du Wes Anderson.
Est-ce qu’il faut aller voir ce film ?
Ce premier long-métrage est une belle proposition, avec une écriture fine, avec un bon sens de la comédie. Les acteurs sont géniaux, tant les rôles principaux que les rôles secondaires. Ce récit d’apprentissage, ce road-trip nocturne est plaisant à suivre. Sans divulguer quoi que ce soit : j’ai beaucoup aimé la fin, avec un très beau message.
C’est un film qui vaut le coup d’être soutenu, d’être vu. Vous ne verrez pas beaucoup de films comme celui-ci. Allez le voir dès aujourd’hui dans votre cinéma.